L3 - Qu'est-ce qu'un rapport de stage?

Publié le par Catherine Kintzler

L3 - Spécialité Esthétique. Qu'est-ce qu'un rapport de stage ?

en ligne le 14 février 07

Voici un extrait du rapport-bilan que je viens d'écrire sur les stages à l'Opéra national de Paris qui ont lieu depuis 13 ans. Ce passage décrit la forme, les objets et la démarche d'un rapport de stage pour la spécialité "Esthétique" de L3. Les exemples sont évidemment pris dans les stages effectués à l'Opéra national, mais ils sont aisément transposables aux autres "supports". J'ai pensé que cette description vous serait utile. L'intégralité du rapport est accessible sur la plate-forme Moodle de Lille-III ainsi que sur le groupe de discussion L3.

"L’idée directrice du travail demandé est que l’étudiant doit, en partant toujours d’un élément qu’il a observé réellement et qu’il doit pouvoir décrire à un lecteur supposé ignorant, mobiliser ses compétences philosophiques pour solliciter la pensée du lecteur. Ainsi, le « moment philosophique », contrairement à ce qui se produit dans la plupart des exercices pratiqués ordinairement, n’intervient jamais a priori et de façon générale, mais doit se former et se légitimer, en quelque sorte surgir de la particularité d’une expérience : il faut qu’il s’en déduise et non qu’il lui soit imposé de l’extérieur.
Le choix de cette expérience initiale est entièrement libre : ainsi nous avons eu des rapports sur des détails de mise en scène, de décor, de costume (la « grille » dans Carmen, la croix lumineuse dans Don Carlo…) mais aussi sur les lieux visités (« que fait la danseuse à la barre ? »  sur le Foyer de la danse au Palais Garnier), sur le travail observé dans les ateliers, sur les aspects de la gestion….
Il est donc exclu qu’un étudiant se lance dans un travail exclusivement spéculatif, si informé, si avisé et si minutieux soit-il, qui pourrait être fait à partir d’un rayon de bibliothèque : à quoi bon se déplacer et vivre une expérience ? Symétriquement il est exclu qu’un rapport se dispense du moment spéculatif et renonce, sous prétexte de « vécu », à soulever un beau problème, à mettre en route la pensée du lecteur et à solliciter ce que la culture philosophique a de plus spécifique : à quoi bon faire des études de philosophie ? Telles sont les butées qui encadrent le travail exigé et au sein desquelles l’étudiant est entièrement libre : nous avons recueilli parfois des critiques sans indulgence de telle ou telle mise en scène, mais elles ont toujours été fondées sur un réel et motivées par des raisons.

Le bénéfice est immense du côté des études philosophiques. Les étudiants mettent réellement à l’épreuve leurs compétences et se rendent compte que, loin de les isoler dans un monde strictement conceptuel, elles sont, pourvu qu’on les sollicite pertinemment, des outils puissants qui leur permettront d’élargir leur expérience et éventuellement d’aborder des domaines qui pouvaient leur paraître a priori exclus de leur champ de vision. Très concrètement, nous pouvons faire état d’étudiants qui, sensibilisés par de tels stages, ont travaillé par la suite dans ce qu’il est convenu d’appeler le « secteur culturel », non pas en présentant leur candidature sur tel ou tel profil préformaté, mais au contraire en faisant apprécier leurs compétences spécifiques de manière à révéler un besoin (dramaturgie, préparation d’expositions, rédaction de textes). Plus généralement, ce type de travail est devenu une forme désormais « classique » qui demande un effort intellectuel différent de celui qui s’exerce dans la dissertation et qui prépare les étudiants de façon très exigeante à des travaux de recherche plus étoffés."


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